Tu en es où, de ton histoire ?

Parler de ses écrits

Il y a des phrases toutes simples, pour ne pas dire dramatiquement banales, dont la personne qui les prononce n’a pas toujours conscience de la force.

Ce peut être le fameux « ça va ? » lancé par négligence ou par habitude à une personne qui vient de perdre un proche ou qui est au beau milieu d’un traitement lourd dont l’issue est incertaine. Mais ce peut être aussi cette phrase, merveilleuse pour l’auteur qui a l’impression de se battre seul contre le temps et les circonstances pour que son texte avance :

– Tu en es où, de ton histoire ?

Cette phrase toute simple lui montre qu’il n’est pas seul à penser à son futur livre. Futur, car tant qu’il n’existe pas en encre et en papier ou en encre électronique et en octets, le livre n’est que virtuel, de l’ordre du projet. Cet objet qui n’existe pas encore, donc, quelqu’un d’autre s’en préoccupe.

Quelqu’un d’autre y pense. Surveille son avancée. S’inquiète de sa santé.

Pour l’auteur qui s’essouffle, voire s’épuise, c’est un formidable remontant. Mieux qu’une barre énergétique ou un café bien corsé. C’est un encouragement, non formulé mais bien réel. Bref, c’est un soutien.

Dès lors que cette phrase a été prononcée, l’auteur n’est plus seul. Il a un partenaire. Quelqu’un sur qui s’appuyer. Quelqu’un avec qui parler de son projet. Il est parfois étonnant de voir comme le simple fait de dire « je me demande comment faire évoluer mon personnage » suffit à ouvrir les vannes de son imagination. Comment la verbalisation de différentes possibilités suffit à faire surgir LA solution.

Cette petite phrase tient également de la signature d’un contrat. Virtuel, non formulé là encore, mais tout aussi efficace qu’un vrai.

Cette phrase indique que dans l’esprit de votre interlocuteur il n’y a pas de doute : vous êtes en train d’écrire. Et vous allez arriver au bout de votre histoire. Dès lors, vous êtes tenu de le faire. Ou plutôt : vous vous sentez tenu de le faire. Ce qui vous astreint peut-être encore plus !

Alors je ne sais pas vous, mais moi, quand on me dit cette phrase, je me sens pousser des ailes. Des ailes d’écrivain 🙂

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