Il y a quelque temps, je discutais avec une autre auteure. Nous évoquions nos univers d’écriture et je lui expliquais comment, de textes au départ solidement implantés dans le réel et autobiographiques, j’en étais venue à écrire des histoires de science-fiction.
Il y a quinze ans, je n’aurais pas misé un caramel mou sur une telle évolution, mais elle a pourtant bien eu lieu. Et je continue à explorer de nouveaux univers. À passer de l’un à l’autre.
« Vous ne vous êtes pas forcée ? » me demanda-t-elle.
La question me surprit tellement qu’un « non ! » instinctif et sonore m’échappa. Imaginez un peu : se forcer à écrire quelque chose que l’on n’a pas envie d’écrire…
Avec le recul, je comprends que la question ait pu être posée. Après tout, souvenez-vous de votre séjour au sein des différents établissements de l’éducation nationale que vous avez fréquentés…
À l’époque, vous n’aviez pas le choix d’écrire ce que vous vouliez. Un professeur vous donnait des instructions, des directives plus ou moins précises et plus ou moins agréables. Une seule certitude : vous deviez faire avec.
L’acte d’écrire tenait plus de la corvée que d’autre chose. Et beaucoup de personnes ne gardent que cela comme souvenir et n’ont pas d’autre expérience de l’écriture que celle-là.
Quel dommage ! L’écriture peut être un tel plaisir lorsque c’est le mode d’expression que vous vous êtes choisi…
Alors non, bien sûr, je ne me force jamais à écrire.
Parfois, je m’impose d’y consacrer un certain temps. Ou d’écrire un certain nombre de mots. Mais me forcer à écrire sur un sujet qui ne m’intéresse / ne m’inspire / ne m’amuse pas, pas question !
C’est la curiosité qui me pousse à emprunter de nouveaux chemins d’écriture, pas la contrainte. Parce qu’écrire est un plaisir, pour ne pas dire une gourmandise. Et qu’il est autant difficile de choisir entre un policier et de la fantasy qu’entre une glace rhum-raisin et une glace à la pistache 🙂
Pour ma part, mes meilleurs souvenirs d’école sont ceux où j’avais la capacité de m’exprimer par l’écriture (même sur un sujet imposé). En dehors de ces moments, j’étais une jeune fille très effacée et réservée qui avait beaucoup de mal à s’exprimer à l’oral. Aujourd’hui, écrire est toujours synonyme de plaisir même si j’écris souvent des textes de « commande » pour les autres. Seul regret peut-être lié sans doute à ma pratique de l’écriture au plan professionnel depuis de nombreuses années, ma difficulté à laisser s’évader mon imagination pour, comme tu sais le faire Florence, inventer des histoires. Patricia
Bonjour Patricia,
Ravie de te retrouver ici, dans cette autre partie de mon monde 🙂
Je suis convaincue que l’imagination, comme beaucoup de choses, se cultive. Là aussi, c’est en forgeant qu’on devient forgeron ! Comme je le dis dans l’article, il y a quinze ans, je ne me serais absolument pas vue écrire de la science-fiction. Pourtant, un jour, je me suis dit « pourquoi pas ? » et je me suis lancée. Avec des « si » on mettrait Pais en bouteille ; avec des « et si ? » on invente des tas d’histoires !
Le tout est de se faire suffisamment confiance pour oser 🙂
Florence