La question qui tue

 

Question
Avec cet article, je rebondis sur celui que Thibault Delavaud a publié sur son blog sous le titre : « Tu travailles sur quoi en ce moment ? » C’est en effet une question que l’on va vous poser de temps en temps, voire très souvent, dès lors que vous êtes identifié et reconnu comme auteur.

C’est déjà là un premier point positif à mon sens : la personne qui pose la question ne vous voit pas comme quelqu’un qui a satisfait une lubie passagère en écrivant un livre, mais bien comme quelqu’un qui a choisi de s’exprimer de cette façon. Quelqu’un qui ne va pas s’arrêter en si bon chemin !

Et non seulement elle vous reconnaît comme écrivain, mais en plus elle s’intéresse à ce que vous faites ! Avouez qu’il y a de quoi être heureux 🙂

Cela étant dit, il peut effectivement s’avérer compliqué de répondre à ladite question. Tout dépend de là où vous en êtes dans le processus d’écriture.

Choisir la bonne histoire

Vous trouvez-vous dans un labyrinthe bouillonnant d’idées nouvelles, toutes plus intéressantes les unes que les autres et parmi lesquelles il va falloir choisir la seule, l’unique, celle qui va vous prendre aux tripes et occuper votre vie pendant les prochains mois, voire les prochaines années ?

Si oui, vous avez à mon sens deux options. Soit vous déclarez simplement, succinctement, que vous hésitez entre plusieurs projets et vous allez sans doute décevoir votre interlocuteur (qui s’attendait, sinon à un scoop, du moins à une petite information lui permettant de patienter) soit vous exposez en quelques mots les différentes idées (au moins les deux ou trois principales) entre lesquelles votre cœur (ou plutôt votre stylo et / ou vos doigts) balance.

Cette seconde option peut sembler dangereuse parce qu’elle dévoile un peu de votre univers et de vos questionnements. Surtout parce qu’elle vous amène à parler d’embryons d’histoires qui n’arriveront peut-être jamais à maturité si finalement vous les laissez de côté. Mais elle présente aussi un immense intérêt : celui de recueillir la réaction de votre interlocuteur, susceptible de vous aider à choisir le projet dans lequel vous allez vous investir.

Imaginons que vous hésitiez entre un roman d’anticipation dont le héros serait un enfant précoce du XXIIe siècle, un conte semi-fantastique mettant en scène une adolescente capable de communiquer avec les morts via son animal de compagnie ou la chronique d’une ambition personnelle politique démesurée dans un département rural…

Ce sont des sujets complètement différents, qui s’adressent aussi à des publics différents. Mais l’expérience prouve que les lecteurs qui ont apprécié ce que vous avez déjà publié sont prêts à vous suivre hors de vos chemins habituels : de nombreux lecteurs de ma trilogie Le chat du jeu de quilles  se sont ensuite intéressés à mes histoires de science-fiction : Les 15 derniers jours  ou À l’abri.

En tout cas, des réactions genre : « Ça a l’air passionnant ! » ou une moue silencieuse vous en apprendront beaucoup sur la façon dont votre idée est perçue.

Se dévoiler un peu, mais pas trop

Si vous en êtes à l’étape suivante (plus ou moins longue selon votre rythme d’écriture), à savoir la rédaction proprement dite, il n’y a plus d’indécision : vous savez sur quoi vous travaillez.

Enfin… Vous connaissez le thème, l’univers, l’époque dans lesquels vous vous inscrivez, mais pour le reste… Si vous en êtes au début de votre écriture, il est possible (certain, en ce qui me concerne !) que certains de vos personnages n’aient pas encore vu le jour et que donc leur place dans l’histoire ne soit pas encore déterminée. Et c’est là que les choses se compliquent, comme Thibault le souligne dans son article.

Mais parler de ce que l’on fait (de ce que l’on aime faire !) à quelqu’un qui s’y intéresse, c’est tellement agréable et stimulant ! Cela peut même vous permettre de construire une meilleure vue d’ensemble et donc de faire gagner votre texte en force et en cohérence. Ce serait dommage de s’en priver.

Personnellement, dans ces cas-là, c’est de mes personnages que je préfère parler. D’abord parce que ce sont eux les héros de l’histoire, pas moi. Ensuite parce qu’en les évoquant, en les faisant vivre devant les yeux de mes futurs lecteurs, je les connais mieux et je leur donne plus d’épaisseur.

Or dans les livres comme dans la vie, ce sont les gens qui m’intéressent 🙂

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Cet article a 3 commentaires

  1. julie

    personnellement, j’ai des personnages qui sont différents de moi et des personnages qui sont une partie de moi et j’utilise mes personnages pour délivrer mes pensées aussi, faire passer des messages aussi etc une histoire ça a toujours une partie de l’écrivain(e) ^^ et j’adore cette ambivalence entre fiction et vérité de nos pensées par ex seule moi peut deviner le vrai de mes pensées délivrés dans mon histoire ou par mes personnages du faux et de la fiction, il y a des pensées dites par mes personnages même mes personnages psychopathes que j’aurai pu dire de vive voix et d’autres fois c’est pas mes paroles

    1. Auteur

      Bonjour Julie,

      Ah, ça, c’est aussi une question récurrente : est-ce qu’un personnage te ressemble ? Ou plutôt, d’ailleurs, une affirmation : tel personnage, c’est tout toi !
      C’est toujours plus compliqué que cela, on est d’accord ! Tout se mélange. C’est le principe même de la fiction, de créer des personnages. Quelle(s) partie(s) de ceux-ci proviennent directement de l’auteur ? Il est le seul à pouvoir répondre à la question 🙂

      Florence

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