Elle est arrivée sur le marché d’un pas presque hésitant. Son mari la tenait par le coude. Peut-être pour lui donner du courage ?
Elle s’est lentement approchée de mon stand tandis que je discutais avec une autre personne. Je l’ai vue du coin de l’œil, un morceau de papier dans les mains. Elle est restée là, un peu sur le côté, un peu en arrière, tandis que je finissais mon échange.
Dès que j’ai été libre, je me suis tournée vers elle en souriant. Elle a fait un pas en avant et m’a dit, toute timide :
— Je vous ai acheté un livre l’an dernier…
Ce début de phrase me fait toujours battre le cœur un peu plus vite, mu par cette question : est-ce que la suite va être une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
— … et je voudrais acheter la suite.
Aussitôt, mon sourire s’est élargi de soulagement. Si elle prenait la peine de revenir un an plus tard, c’est que ce livre lui avait plu. Suffisamment pour faire le déplacement.
Il ne restait plus qu’à savoir de quel livre il s’agissait.
— J’ai noté le titre, a-t-elle dit en dépliant le papier qu’elle tenait précieusement depuis son arrivée : Le Frisson de la liberté.
Le premier tome de ma saga familiale sur trois générations.
— La suite est là, ai-je répondu en montrant Le Poids de la colère.
— Oui, mais je veux les deux.
— Avec plaisir ! Je vous fais une dédicace ?
— S’il vous plaît.
Sa voix n’était plus qu’un murmure, son sourire celui d’une petite fille à laquelle on faisait le plus beau des cadeaux. Émue, j’ai mis tout mon cœur dans les quelques mots que j’ai tracés pour elle. Elle m’a remerciée avec des étoiles dans les yeux avant de s’éloigner en serrant ses deux livres contre elle.
Bref, j’ai rencontré Françoise 🙂
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