Récemment, sur Facebook, une autrice disait qu’elle avait du mal à écrire certaines scènes (de sexe) et s’interrogeait sur cette difficulté.
Comme toujours, lorsque le sujet du sexe est abordé, il y a ceux qui répondent à côté, ceux qui font de l’humour pour éviter de répondre, ceux qui font de la provocation… et ceux qui se prêtent avec honnêteté à l’exercice.
Parmi ces derniers, la tendance générale est à la gêne. Générale, pas unanime ! Il y a aussi des auteurs qui s’adonnent à l’exercice avec plaisir. Il n’en reste pas moins que pour nombre d’entre eux, ce n’est pas facile.
Pourquoi ? Pourquoi cette difficulté, précisément sur ces scènes-là ?
Il est parfois question de l’aspect encore largement tabou du sexe dans notre société. Il est souvent question de la délicatesse du dosage : comment ne pas tomber dans le porno ? Mais je crois surtout que la difficulté est liée à l’intimité de la chose.
Tout ce qui se vit au plus profond de soi (ne voyez là aucune allusion sexuelle, justement…) est difficile à exprimer et à partager. Parce que les ressentis sont tellement différents et personnels que ce qui me blesse peut très bien vous laisser de marbre, ou l’inverse.
Ce post m’a amenée à m’interroger à mon tour. À passer en revue tout ce que j’ai publié jusque-là et à me demander quelles pages avaient été difficiles à écrire. Y en avait-il, d’ailleurs ?
La réponse est oui.
Ces pages concernent elles aussi un sujet très intime. Éminemment personnel. Un vécu que nous partageons tous, à un moment ou à un autre de notre vie, de plus en plus fréquemment avec l’avancée en âge. Il s’agit de la perte d’un proche.
Là aussi, les ressentis sont très divers. Les émotions tout aussi fortes. Les transcrire en mots est un défi.
Au-delà de la douleur que l’on peut ressentir à se (re)mettre en situation, à la place de son personnage, il y a la nécessité de trouver les mots justes. Trouver le bon dosage (encore lui) pour restituer l’effondrement intérieur, la colère, le vertige… Ces moments, comme pendant l’amour, où on ne sait plus vraiment qui on est et si on est toujours vivant.
Il en irait donc de la mort comme du sexe. Après tout, ne parle-t-on pas de « petite mort » pour évoquer l’orgasme ?
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Très juste, tout cela, ma chère Florence !
Amitiés,
Elen
Bonjour Elen,
Merci d’être passée par ici 🙂
Florence
Bonjour Florence, je me suis reconnue dans votre article. Ecrire une scène de sexe m’est très difficile, de même que la plupart des scènes de sexe que je lis me font grincer des dents parce que c’est mauvais, parce qu’elle contient des écueils, des clichés… et non pas parce que c’est du domaine de l’intime qu’il me peine de dévoiler. C’est rarement bien fait tout simplement. Je pense que tout dépend du contexte et c’est ce contexte qui va amener l’intérêt dans ce genre de scène. Écrire qu’un pénis entre dans un vagin n’est pas intéressant à lire peu importe les mots que l’on emploiera, mais c’est ce qui s’est passé avant et ce qui se passera après qui rend la scène attrayante. En tout cas, si l’on n’est pas à l’aise avec ce genre de scène, si on ne la sent pas, mieux vaut passer son chemin et notre roman n’y perdra ni intérêt ni saveur. Si l’on veut s’ y risquer, faisons-le mais en toute connaissance de cause et sans tomber dans des excès qui seront criminels pour notre récit…
Par contre, j’ai été très à l’aise pour raconter la mort d’un proche dans un de mes récits, un frère parti trop tôt… les mots sont venus spontanément et m’ont aidée à faire mon deuil, mais il faut dire que j’avais une histoire à raconter car un deuil ne suffit pas à accaparer l’attention des lecteurs. Merci Florence pour cette réflexion…
Bonjour Muriel,
Merci pour ce partage.
Je crois aussi qu’il ne sert à rien de se forcer à écrire quelque chose qui nous rebute : cela se sentirait trop à la lecture. Mais on peut aussi avoir envie de se lancer un défi, sauter à pieds joints dans l’exercice et finalement y prendre goût. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Dans un tout autre domaine, il y a trois ans, je me suis lancé le défi de me mettre à la course à pied pour arriver à courir une demi-heure. Insensé pour moi à cette époque-là ! Mais j’y ai pris goût… et me prépare désormais pour mon premier marathon ^^
En ce qui concerne les textes liés à la mort, je crois que s’ils m’ont coûté, c’est parce que je les ai presque tous écrits dans l’année qui a suivi la mort de ma mère. J’étais en pleine phase de deuil et pas toujours bien solide. Aujourd’hui, ce serait certainement plus simple. Enfin, j’espère.
Florence
Personnellement, j’adore écrire les scènes de sexe ! (Peut-être parce que j’adore en lire aussi ?) Que ce soit raconté assez crûment, limite porno, ou suggéré, ou entre les deux (sensuel/érotique), avec sentiments ou non, etc., j’apprécie cet exercice (d’écriture, hein !). Je ne sais pas si j’y suis douée ou pas, mais ça ne me gêne pas du tout. Par contre je n’aime pas qu’elles soient trop longues ou trop nombreuses, à la lecture comme à l’écriture, au bout d’un moment j’ai l’impression soit de tourner en rond, soit que l’histoire a été bâtie autour de ça et que le reste ne sert qu’à broder…
Je pense que tout dépend du ton, du style du livre. Et quand on n’est vraiment pas à l’aise avec ces scènes-là, il y a toujours moyen de faire comprendre au lecteur ce qui s’est passé, sans entrer dans les détails ! Ce n’est pas parce que ces scènes se banalisent en littérature comme au cinéma qu’on doit en mettre à tout prix partout !
Bonjour Maylis,
On est bien d’accord, pour le nombre de scènes aussi, il faut trouver le bon dosage ! Celui qui correspond à l’histoire et à l’ambiance qu’on veut restituer. Comme pour tout le reste, finalement. Un livre dans lequel les héros passeraient leur temps à manger ne serait pas des plus intéressants non plus 😉
Florence