Les libraires n’aiment pas les indés ? C’est réciproque !
Une fois n’est pas coutume, je vais me laisser aller à un coup de gueule. Mesuré, mais coup de gueule quand même…
D’autres, comme Charlie Bregman ont évoqué le sujet avant moi : les libraires n’aiment pas les auteurs indépendants. Souvent, ils ne les considèrent pas comme de « vrais » auteurs et si l’un d’entre eux s’aventure à leur proposer de prendre ses livres en dépôt, il ne sera pas forcément bien accueilli.
Cela peut arriver, bien sûr, mais ce n’est pas la règle, loin de là.
Si, par malheur bonheur, le libraire accepte, l’auteur tout ému va laisser un certain nombre d’exemplaires de son livre en dépôt. Les conditions se discutent, évidemment, mais souvent elles ressemblent à cela : 30 % de remise sur le tarif public et un paiement à la Saint-Glinglin lorsque la vente a eu lieu (si cela arrive un jour).
Bon, je vous ai dit que ce serait un coup de gueule mesuré, alors soyons clairs : je comprends que tout le monde a besoin de vivre et que si les libraires devaient payer rubis sur l’ongle tous les livres qu’ils ont en magasin, il leur faudrait une sacrée trésorerie.
Je comprends. Mais l’auteur indépendant a lui aussi ses problèmes de trésorerie. L’imprimeur, il a bien fallu qu’il le paye. Ses frais de déplacements pour venir à la librairie aussi. C’est bien pour cela que je fais très peu de dépôts en librairie. Mais passons…
Passons, parce que ce qui m’énerve vraiment est ailleurs.
Ce qui m’énerve vraiment, ce sont ces libraires qui commandent les livres d’un auteur indépendant qui a fait l’erreur eu la bonne idée d’inscrire ses œuvres dans Dilicom. « À la demande d’un client ». Je n’invente rien : ce sont eux qui le disent.
(d’ailleurs, pourquoi se risqueraient-ils à commander ces livres s’ils n’étaient pas sûrs et certains de les vendre dans la foulée ?)
Lorsque cela m’arrive, je m’empare de mon plus beau carton, emballe mes livres au milieu de papier journal froissé pour assurer leur protection, et vais poster tout ça en colissimo. Un kilo et demi la trilogie : 8,50 € l’expédition. Et encore, j’ai de la chance : il y a (encore) une agence postale dans ma commune et elle se trouve à cinquante mètres de chez moi.
Cela fait, j’envoie un mail au libraire, dans lequel je lui indique le numéro de suivi du colis. Colis dont je surveille de mon côté le cheminement.
Lorsqu’il est bien arrivé à destination, il n’y a plus qu’à attendre le règlement. Et c’est là que ça se corse.
Les livres sont déjà vendus, puisqu’ils m’ont été commandés « à la demande d’un client ». Bon, le client en question ne va pas forcément se déplacer pour réceptionner les livres dès leur arrivée. Mettons qu’il ne vienne qu’une semaine plus tard. Voire deux. Une semaine de plus pour que le libraire encaisse son paiement…
Je sais : je compte large.
Bref, un mois après, je devrais avoir reçu moi aussi mon petit chèque. Eh bien, vous savez quoi ? Cela ne m’est arrivé qu’une fois.
Bon, je comprends bien que les professionnels sont habitués à payer leurs fournisseurs à trente jours fin de mois. Cela nous rajoute une paire (ou deux si j’ai eu la malchance de poster mon colis le 30) de semaines. Soyons compréhensifs…
Il s’agit d’un coup de gueule mesuré, n’est-ce pas ?
N’empêche que, régulièrement, je dois relancer les libraires pour qu’ils pensent à payer mes livres. Parfois plusieurs fois. Et ça, oui, ça m’énerve ! Même ma compréhension a des limites.
Autant dire que quand je vois une commande de libraire arriver dans ma boîte mail, même si je sais ce qu’elle signifie (quelqu’un avait suffisamment envie de mes livres pour forcer inciter son libraire à les commander) j’ai du mal à me réjouir.
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Merci pour ce témoignage. D’un côté ça donne pas envie…
Mais dilicom ça t’apporte une visibilité ou les gens qui commandent ton livre t’ont connu grâce à ton marketing? Tu ne peux pas coupler dilicom et createspace pour avoir la paix?