Le regard des autres sur l’auteur
Cet article s’inscrit dans l’événement interblogs intitulé À la croisée des blogs, organisé par le site DeveloppementPersonnel.org
Chaque mois, un blogueur volontaire prend les commandes et choisit un sujet de réflexion pour tous. Ce mois-ci, c’est Laurence, du blog Happy Soul, qui est aux manettes et elle a choisi comme sujet : Le regard des autres.
Vaste programme, comme disait un illustre grand homme…
Dès notre naissance, nous sommes la cible de ce regard. Ou plutôt de ces regards, tant ils peuvent être nombreux et différents, posés sur nous.
Il y a des regards doux et tendres qui vous font un cocon douillet dans lequel vous vous sentez bien. Tellement bien que vous n’avez aucune envie d’en sortir ! Il y en a d’autres qui s’arrêtent à peine sur vous, dont l’effleurement indifférent vous glace jusqu’à la moelle et vous paralyse. D’autres encore, lumineux et bienveillants, qui vous donnent le courage d’aller au bout du monde… et vous y accompagnent !
Bref, ces regards, d’une certaine manière, ont modelé l’enfant que vous étiez. Ont en partie fait de vous ce que vous êtes aujourd’hui.
Dès lors, chacun a sa propre relation au regard des autres. Ceux qui se sont construits grâce à lui le recherchent. Ils en ont besoin. C’est leur oxygène, leur soutien. Ceux, au contraire, qui ont dû lutter contre lui pour exister risquent fort de s’en moquer comme de leur première paire de chaussettes, voire de tout faire pour le heurter.
L’auteur ne fait pas exception. Parfois, il se sent auteur contre vents et marées, malgré tout, et surtout malgré les regards contraires qui se posent sur lui. Et parfois, il se sent auteur parce que c’est l’image que lui renvoie le regard des autres.
Interrogée sur une radio nationale, Agnès Martin-Lugand répondit ainsi à la question « à quel moment avez-vous compris que vous étiez un auteur ? » : « quand j’ai eu des lecteurs ».
Finalement, être auteur, c’est accepter, de fait, le poids du regard des autres. Car ce qui est particulier, c’est que l’auteur, comme le comédien ou le chanteur (et au contraire de beaucoup d’autres) s’expose délibérément à ce regard. C’est en quelque sorte dans sa nature.
Il ne peut pas y échapper car dès lors qu’il publie ses textes, il les offre à la lecture. Ce qui les soumet, souvent de longues heures durant, au… regard du lecteur ! Or tous les auteurs mettent un peu (voire beaucoup, voire trop) d’eux-mêmes dans leurs textes. C’est donc eux, aussi, qu’ils exposent.
Cela implique, avec le poids de ce regard, d’accepter l’inévitable jugement. Le fait que ce que l’on écrit ne peut pas plaire à tout le monde. C’est une évidence qu’il est très facile d’assimiler intellectuellement… mais qui peut s’avérer dévastatrice lorsque l’auteur ne s’y est pas préparé.
La préparation, voilà donc la clé, sinon de la réussite (quoique !), du moins de l’acceptation des inévitables critiques. Celles qui blessent parfois, qui peuvent vous faire exploser en vol, mais qui peuvent aussi vous aider à grandir et vous faire faire des pas de géant dans votre carrière d’écrivain si vous arrivez à les dépasser et/ou les utiliser.
Alors, ami ou ennemi, le regard des autres sur l’auteur ? Sans doute les deux à la fois, selon l’acuité du premier et l’humeur du second 🙂
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Bonjour Florence et merci pour ce chouette article !
J’aime beaucoup cette idée qu’on ne devient auteur qu’à condition d’avoir ce fameux regard des autres posé sur soi : c’est à extrapoler pour tous ceux qui n’ont pas une activité de représentation… Est-on réellement soi-même lorsque personne ne ne regarde ? 😉
Interrogation quasi-mystique !
Merci de ta participation à la Croisée en tout cas !